Les livres

► Priez 15 jours

► Noireclaire



74 livres 174 livres 2Priez 15 jours

 

avec Madeleine Delbrêl

de Bernard Pitaud

avec l’abbé Franz Stock

de Jean-Pierre Guérend

Editions Nouvelles Cités, 100 pages, 12,50 euros chacun

Dans la collection “Prier 15 jours avec…” , il est deux fascicules qui peuvent, plus que d’autres, retenir l’attention. Ils concernent deux grands spirituels qui ont en commun, aujourd’hui, l’introduction de leur cause en béatification.

L’un est consacré à notre compatriote, Madeleine Delbrêl, qui est, depuis quelques années, bien connue des milieux catholiques, et même plus largement, puisqu’elle a laissé un souvenir dans la banlieue communiste où elle a exercé sa profession d’assistante sociale. Chez Madeleine Delbrêl, spiritualité, don de l’écriture et humour forment un harmonieux trio. Le tout se résumant en un mot : charité. C’est pourquoi lire certains de ses textes est à la fois plonger dans une œuvre poétique, mais aussi dans la spiritualité la plus profonde et immédiatement accessible.

L’autre s’attache à une personnalité différente, mais tout aussi attachante : le prêtre allemand Franz Stock, celui que l’on a appelé “l’Aumônier de l’enfer”. Il est assez peu connu en France, où il a pourtant exercé la plus grande partie de son ministère, comme responsable de la paroisse allemande de Paris, avant et pendant la guerre, et surtout comme aumônier des prisons, ce qui l’a conduit auprès de ceux qui allaient être fusillés au Mont-Valérien. Il a accompagné plus de mille résistants, servant souvent de lien avec leurs familles et ce, au risque de sa propre vie. Cette vie, il l’a rendue au Seigneur, un 24 février, à 44 ans, dans la solitude d’un hôpital parisien, comme prisonnier de guerre et, naturellement, suspect… Mais Mgr Roncalli, alors nonce à Paris, ne s’y était pas trompé : “Stock, a-t-il dit, ce n’est pas un nom, c’est un programme !”. à son programme, il y avait le combat pour la paix et la réconciliation entre nos deux peuples. “Ma vocation est inséparable de la France”, avait-il écrit, alors séminariste.

Ne vous fiez pas au titre de cette collection. Ce ne sont pas des prières que l’on y offre, mais des extraits de textes significatifs de la vie spirituelle de chacun, que l’auteur du petit livre commente et replace, en 15 courts chapitres, dans leur contexte.

Livres d’environ 100 pages, de lecture facile, pouvant être emportés dans son sac ou sa poche, à prendre à n’importe quelle page : ils vous ouvrent sur la connaissance d’un chrétien, dans son humanité comme dans sa vie de foi.

Andrée Penot



74 livres 3Noireclaire

de Christian Bobin
Éd. Gallimard, 75 pages, 11 euros

 

C’est un livre très court que l’on dévore toujours avec émotion et bonheur quand il s’agit d’accompagner Christian Bobin dans le souvenir de ceux qu’il a aimés. Là, il s’agit de son père. “Le paquet de Gauloises bleues, dont les angles plissaient sous les doigts comme une toile de jean, était le bréviaire de mon père… Sa parole faisait danser la cigarette collée à ses lèvres… La cendre s’allongeait. à l’instant précis où elle cassait, il la recueillait dans sa main creusée en berceau…” Là aussi, il s’agit des derniers instants de son épouse. “Je me penche sur toi à l’hôpital, mais tu es trop occupée à ton travail de mourir… Je ne vois pas tes yeux. Tu les verses sur une lumière intérieure.”

Ce n’est pas un livre ouvert sur les moments difficiles, douloureux de la vie, mais une floraison de poèmes qui font s’entrechoquer les mots pour faire surgir l’étincelle lumineuse : “les chardons bleus qui accrochent le jupon des lumières sans le déchirer” , “la violente femme douce”, “elle enfonce ses yeux dans les yeux de l’autre comme on visse une ampoule”, “les yeux appartiennent au ciel, pas à la chair”, “le poète perce quelques trous dans l’os du langage pour en faire une flûte”, “le sourire, la seule preuve de notre passage sur terre”… Christian Bobin, poète, oui, assurément.

Michel Cuperly