Les livres

► Trop



73 tropTrop

de Jean-Louis Fournier
éd. La Différence, 192 pages, 16 euros.

Trop, c’est trop ! Devant les offres multiples qui se présentent dans cette société de surabondance, on hésite : “Trop de choix. Je m’étais décidé, mais maintenant, je ne suis plus très sûr. Celui-là est bien, celui là aussi, l’autre aussi, tous sont bien. J’hésite. Les slogans tournent dans ma tête. On me bourre le mou... Il y a de plus en plus de plus, et en plus, il y a les super, les extra, les hyper, le premium, le maximum, l’excellium. Je ne sais plus ce qu’il faut croire. Je ne sais plus ce qu’il faut croire… Je pense seulement qu’on se fout de ma gueule.”

Ainsi défilent devant nous, au fil des linéaires des magasins, tous les “trop”, trop de beurres, quel paquet choisir, à force d’hésitation, Marguerite repart le caddie vide, “elle est venue pour du beurre” ; trop de savons, trop de yaourts (12 mètres de linéaires !).

Mais l’auteur sort aussi des supermarchés, il traque les trop de bouffe, Voilà un petit livre court, pas cher, facile à lire et bien dans l’air du temps. Rafraîchissant. Trop, c’est son titre, Jean-Louis Fournier son auteur. Il compte une quarantaine de chapitres, tous très brefs. On n’est pas contraint de tous les lire. Ni de les parcourir dans l’ordre. Sur chaque thème, c’est le même constat : les trop de médicaments, les trop d’écrans (cinq par foyer), les trop d’applaudissements (dans les jeux télévisés, on applaudit quand le candidat gagne, mais aussi quand il perd, on doit applaudir toujours), les trop de moteurs, les trop de touristes (l’énorme bateau qui traverse Venise et met à mal les fondations de la ville, Venise à deux sur une gondole, c’est plus beau qu’à 5 000 sur un paquebot), trop de beautés pour le prince qui a 400 femmes dans son harem et ne sachant laquelle choisir, se met à envier les monogames.

Jean-Louis Fournier plaide ainsi pour une sobriété heureuse, bien dans l’air du temps.

On le quitte avec Marguerite qui choisit, heureuse et libérée de vider tous ses cabas dans les sacs de la banque alimentaire, goûtant ainsi, “au luxe suprême qui consiste, selon Marguerite Yourcenar, «à se passer de tout»”.

Michel Cuperly

► Catégorie : Numéro 73