Les livres

► Une autre vie est possible

► Clairvaux. Le génie d'un lieu


 

Une autre vieUne autre vie est possible

de Jean-Claude Guillebaud
L'iconoclaste, 207 pages, 14 euros

"Un texte fort et convaincant. Un appel à la résistance", commente un chroniqueur. "Comment retrouver l'espérance", dit l'éditeur. L'auteur, lui, nous fait part de sa conviction que, au terme de sa longue expérience de grand reporter au journal Le Monde, appelé à "couvrir" les guerres, les révolutions, les tragédies, les égorgements, les famines, les tueries, que, malgré tout cela, "Une autre vie est possible". Non, il n'est pas devenu cynique, ni taiseux. Le cynisme lui fait horreur et la désillusion lui apparaîtrait comme une trahison. Il a vu à l'œuvre, en effet, en tous pays, des hommes et des femmes qui n'acceptaient ni de capituler ni de désespérer.

J.-C. Guillebaud n'est pas un naïf. Il s'emploie à trouver les sources de la désespérance contemporaine. Il décrit comment la flamme a faibli, comment on est passé des "Trente Glorieuses" d'après-guerre aux "Trente Piteuses" des dernières décennies, comment la flamme fut mise à l'abri, quand nous flanchons. Mais il voit aussi qu'un autre monde respire déjà. Au passage, l'auteur confesse son trouble au sujet de l'Europe ; il partage le tourment de beaucoup d'Européens convaincus. Ayant voté deux fois "Non" à cette Europe qu'il ne reconnaît plus, il écrit "avoir pactisé avec des gens dont tout me sépare : le repli, la clôture, le chauvinisme, la peur de l'autre". Pour lui, "le chantier est toujours ouvert et la réunion" européenne s'accomplira un jour ou l'autre", alors que nos compatriotes préfèrent ne pas trop penser à l'avenir collectif.

L'optimisme, l'espérance n'impliquent ni aveuglement ni sotte crédulité.

J.-C. Guillebaud nous convainc, avec passion, que l'avenir a besoin de nous.

Michel Cuperly


 

 

ClairvauxClairvaux. Le génie d'un lieu

de Jean-François Leroux-Dhuys
Ed. Châtelet-Voltaire, 60 pages, 8 euros

Il est une petite maison d'édition, discrète, nichée au cœur de la Haute-Marne, dans un village dominé par un château, celui de la comtesse émilie du Châtelet, où Voltaire a longtemps résidé et écrit : Cirey-sur-Blaise. Elle en a pris le double patronyme : éditions Châtelet-Voltaire. Spécialisée dans ce qui touche à la région, elle édite de petits ouvrages qui ne dépassent pas 60 pages et coûtent chacun 8 euros. Parmi ceux qui ont déjà paru, il en est un qui est particulièrement attachant : Clairvaux. Le génie d'un lieu. L'auteur, Jean-François Leroux-Dhuys, ancien maire de Bar-sur-Aube, est, entre autres, président de la charte européenne des abbayes et sites cisterciens. Ce petit volume est frémissant d'enthousiasme et de connaissances historiques, guide très personnel de ces lieux voués, selon les époques, à l'enfermement : l'abbaye d'abord, la prison ensuite (ce qui demeure encore aujourd'hui). Enfermement volontaire ou subi, le lieu est marqué par cette solitude extrême qui s'échappait pour les moines vers la liberté divine, pour les détenus vers une autre liberté... J.-F. Leroux-Dhuys est à l'origine de la restauration des parties de l'abbaye que la prison n'occupe pas. Et c'est à une découverte étonnante que l'on assiste, à travers son parcours personnel dans les murs et son obstination pour obtenir la restauration officielle et le retour des lieux à une destination sinon religieuse, du moins culturelle, artistique, de haut niveau. Nul ne peut sortir indemne de Clairvaux.

Andrée Penot