Les_livres

 

► La foi, un don à vivre

► Le flutiste invisible



La foi, un don à vivre

de Gérard Testard
Entretien avec Muriel Du Souich
éd. Nouvelle Cité, 280 p., 20 euros
 

"La foi, un don à vivre"Ce livre est d’abord le témoignage d’un itinéraire de vie peu banal, avec ce qu’il comporte de ruptures assumées : Gérard Testard rompt avec la pauvreté de son milieu agricole d’origine et accède quelques années plus tard à des responsabilités de direction dans un centre de formation. à la suite d’une expérience spirituelle, il décide de se donner entièrement au Christ et de se mettre au service de l’église dans “Les fondations pour un monde nouveau”, une communauté nouvelle issue du renouveau charismatique, acceptant, non sans larmes – le temps d’être guéri de la peur de manquer -, de s’en remettre à la Providence pour subvenir aux besoins des siens, en comptant sur le parrainage d’autres familles. Cette communauté traversant une crise profonde après la mise en cause du fondateur, Gérard Testard en devient alors le responsable. Au cours de ses dix-sept ans de mandat, il travaille à la refondation de la communauté – rebaptisée “Fondacio” - , à son développement international, à son ouverture à l’œcuménisme, à la société et au monde.

En réponse aux questions que lui pose Muriel Du Souich, Gérard Testard met des mots simples sur sa foi, sa joie de croire en Celui en qui il a mis toute sa confiance : “Pour moi, suivre le Christ, c’est tout sauf avoir une vie ratatinée. Au contraire, c’est une vie de déploiement. Un déploiement qui suppose une vie intérieure placée sous le signe de l’Esprit : dans tout projet, la part souterraine et invisible est toujours plus longue à faire naître parce qu’elle naît par le dedans, par notre relation à la vision de Dieu,” explique-t-il. Il ne cache rien des difficultés de la foi. Celle-ci relève toujours d’un combat paradoxal en faveur de la confiance : La foi est à la fois don et action permanente. L’action nous pousse à tout maîtriser et, en même temps, la foi nous invite au lâcher-prise : nous nous en remettons à quelqu’un d’autre…

Dominique Greiner


 

 

Le flutiste invisible

de Philippe Labro
Gallimard, 174 pages, 17,50 euros
 

"Le flutiste invisible"C’est le dernier roman écrit par l’ancien patron de RTL, auteur prolifique à succès ; il en a déjà une bonne vingtaine à son actif. Un roman ? Oui, il le dit mais sans doute aussi un peu de lui-même. Il cite d’ailleurs Hemingway qui écrivait à propos de l’un de ses textes : “Si le lecteur le souhaite, ce livre peut être tenu pour une œuvre d’imagination.” Trois récits dans ce livre. En voici le premier. Un jeune homme se promène dans une rue de Paris et sifflote un air ancien de jazz, Bye Bye Blackbird. Cet air parvient aux oreilles d’un promeneur stupéfait alors saisi d’une grande émotion. Cette rencontre fortuite conduit l’homme, troublé par l’évocation de cette chanson, au récit de ce qu’il lui était arrivé dans sa jeunesse, alors qu’avec un petit groupe d’étudiants, il se rendait par bateau vers l’Amérique. Dès le premier soir, à bord du Queen Mary, raconte-t-il, il est frappé par la silhouette d’une jolie femme qui lui avait lancé un regard qui n’avait pas l’air indifférent C’est le début d’une troublante aventure qui fera perdre son innocence à notre jeune étudiant. Des années plus tard, Bye Bye Blackbird n’a rien perdu de son pouvoir évocateur. Le hasard d’une rencontre fait ainsi basculer des existences.

Le deuxième récit, qui évoque la période de la guerre d’Algérie, soulève les mêmes interrogations : pourquoi cet ancien combattant a-t-il été sauvé à l’époque, alors qu’un individu a failli l’exécuter sur les ordres de l’Oas ? “Je vous ai eu dans ma ligne de mire, raconte l’individu, rencontré quelques années plus tard dans un bistrot”. Nul ne sait ce jour-là pourquoi cette vie a été sauvée.

Pourquoi, dans le troisième récit, un voisin, quand il était petit enfant, a-t-il échappé à Auschwitz ? Quel est ce “flûtiste invisible” qui provoque les basculements dans nos existences ? Hasard ? Providence ? C’est le thème de ce passionnant roman.

Michel Cuperly