Les livres

► 13 à table !

► L'enfant qui mesurait le monde

► Un clafoutis aux tomates cerises



Livres 81 113 à table !

Collectif Pocket
283 pages, 5 €

13 à table! 2018 est paru. Pour les lecteurs et lectrices qui n’auraient pas entendu parler du projet les trois dernières années, sachez que sous le titre 13 à table!, les éditions Pocket invitent quatorze auteurs à participer en publiant chacun une nouvelle inédite autour d’un thème donné. Malgré le sujet imposé, chacun est libre de le traiter comme il veut. À la fin, le recueil est édité et vendu, et tous les profits des ventes sont reversés aux Restos du cœur. Un livre acheté permet de financer quatre repas pour l’association. Les trois premières éditions ont permis de distribuer 2,7 millions de repas.

Après le repas, l’anniversaire et les relations frère et sœur, cette année les auteurs ont «planché» sur l’amitié. Quatorze histoires d’amitié drôles, inattendues, émouvantes, tendres… Il y en a pour tous les goûts. Un bon moment de lecture et une bonne action.

Monique Masson



Livres 81 2L'enfant qui mesurait le monde

Metin Arditi, Editions Bernard Grasset «points» 
250 pages, 7,10 €

 

Metin Arditi, l’un des chroniqueurs hebdomadaires de la dernière page de La Croix, vient de publier un petit ouvrage au titre un peu étrange: L’enfant qui mesurait le monde.

Cet enfant est un autiste qui mémorise tout ce qui touche aux chiffres. Metin Arditi préside, en Suisse, où il vit, la Fondation Pôle Autisme. Il ne parle donc pas sans le connaître de cet enfermement qui peut contenir des formes de génie. Son petit héros est le centre du récit, ou plutôt c’est à partir de ses réactions que s’oriente le récit. Car les événements qu’il nous raconte se déroulent en Grèce, sur une petite île où tout le monde se connaît et où l’enfant, Yannis, tient sa place dans la sympathie générale.

Mais autour de Yannis, il y a le petit monde de l’île grecque, troublé par le retour sur sa terre d’origine d’un Américain, Eliot, architecte, dont la fille est morte accidentellement sur l’île.

Et c’est toute l’ébullition méditerranéenne, avec ses excès, son courage, sa sagesse (incarnée par le pope) et ses rivalités autour d’un projet immobilier, que l’auteur décrit avec bonheur. C’est son jeune héros, cet enfant autiste, qui, grâce à son génie des calculs et avec l’aide affectueuse d’Eliot (qui étudie le Nombre d’Or), arrive innocemment à rétablir une situation où le goût du profit le disputait à la paix de l’île. Par quels drames, quelles douleurs, on le découvre en lisant ce petit livre comme un hymne d’amour à la Grèce et aux Grecs tels qu’on croit les connaître, généreux et violents, menteurs et de bonne foi… C’est aussi l’histoire d’une émouvante amitié en-tre l’adulte meurtri et l’enfant inadapté et génial. Roman dont l’amour est, sous toutes ses formes, le maître mot.

Andrée Penot


Livres 81 3Un clafoutis aux tomates cerises

Véronique de Bure, Éditions Flammarion

377 pages, 19,90 €

Au soir de sa vie, Jeanne, 90 ans, décide d’écrire son journal intime sur une année, du premier jour du printemps au dernier jour de l’hiver. Elle y consigne les petits événements de sa vie, ses humeurs, ses souvenirs, ses réflexions, ses avis tranchés sur le monde actuel avec beaucoup d’humour et de joie de vivre. Elle se régale de ce qu’elle peut encore se permettre, «tant que l’on peut encore conduire, tout va bien» dit-elle. Elle se regarde vieillir sans fard et pense à la mort avec sérénité. À travers ces quatre saisons de la vie de Jeanne, de façon tendre et parfois drôle, sensible et juste, Véronique de Bure livre un manuel de philosophie de vie qui exorcise la peur de la mort et change le regard sur le grand âge.

Dans ce beau roman qui jette un éclairage radicalement neuf et optimiste sur une réalité trop souvent décrite en noir, la romancière offre une bouffée d’espoir à tous ceux que l’a-venir effraie, et prouve avec brio que le grand âge n’est pas forcément un naufrage.

Une excellente lecture à conseiller aussi aux jeunes générations angoissées à l’idée de vieillir mal.

Monique Masson